Rencontre avec Frédéric Ohlen

A l’occasion du premier salon du livre de Port-Vila nous avons eu l’immense plaisir de recevoir au lycée le poète et romancier Frédéric Ohlen qui est venu rencontrer la classe de seconde. Nous avons d’abord échangé avec lui sur son métier, ses sources d’inspiration, sa manière d’écrire : « j’écris en marchant » nous dira-t-il. Ces questions ont été l’occasion d’expliquer aux élèves ce que pouvait bien être un poème, non sans humour le poète nous a confié son secret : « ne réfléchissez pas ! » Il faut avant tout « créer » avec des mots, mais il est inutile de « chercher des mots compliqués » pour « faire beau » et il dangereux d’être « écrasé par les admirations », Frédéric Ohlen a simplement invité les élèves à prendre leur stylo et à s’exprimer tout en étant sensibles à la musique : « enlevez toutes les consonnes pour entendre la musique » et utilisez le « e muet » !

Tout le monde a participé à notre atelier d’écriture dans lequel nous avons cherché à écrire un poème rassemblant les « choses qui sont les plus belles du monde », une sorte d’inventaire poétique, placé sous le signe de la poétesse Sei Shonagon qui a écrit ses Notes de chevet au XIe siècle au japon.

Les élèves ont alors dicté leurs idées à Frédéric Ohlen qui les a notées au tableau en proposant ou non des reformulations ou en demandant à d’autres élèves d’améliorer les premières formules :

Les choses qui sont les plus belles du mondes

La maman qui berce
Du chocolat au cristal
de Guérande
Une rose blanche
Un monarque à la tête d’une armée d’anges en tutu
Des papyrus faits de sable ou de glace
Du verre qui scintille au soleil
Une main digne enfin de la mienne

Nous avons ensuite écrit un poème sur la journée de la veille, rassemblant les souvenirs et les impressions fugaces des uns et des autres :

Vanuatu 2016

I
Un homme sur le tarmac
Ses entrechats pour guider l’avion
Un oiseau de fer blanc
Posé sur l’eau turquoise
Au marché une fleur de pain
Où tourbillonnent des carangues
II
Des rames sur le lagon
La hoola des vagues sous le vent
Sable le fils inouï du soleil
Libellule ô ma Sœur
Unique pour séduire
Le passé
Des ferrailles encore vivantes
Sur des routes aux trous béants.
Les étoiles de mer
Comme les oursins
Se dispensent des caresses !
L’abeille veille sur mon sommeil
Et je dors les yeux ouverts
Sur le vide
Sur ce qui vire et voltige
Sur la mouche qui vibrionne
Dans l’espace de mon sang !

Enfin, Frédéric Ohlen nous a présenté son dernier roman, Quintet, qui raconte l’histoire de Fidély, originaire du Vanuatu qui échappe aux blackbirders en fuyant son pays pour atteindre la Calédonie. Roman historique et musical, Quintet est raconté par cinq narrateurs, chaque voix étant un instrument différent.

Merci à Frédéric Ohlen pour ce moment d’échange riche qui aura permis aux élèves de mieux comprendre le travail d’un écrivain.